dimanche 11 août 2013

Toktogul en roue libre


Pare-brise kirghize typique

Après quelques difficultés à trouver un véhicule pour Toktogul et après plus d’une heure à récupérer d’autres passagers pour terminer de remplir la voiture nous quittons Bazar Korgon que nous avions rejoint d’Arslanbob en Marchroutka. La route traverse les montagnes et surplombe longtemps une rivière (Naryn) turquoise et large. Le volant est à droite et la place avant gauche n’est pas la plus confortable car pour doubler le chauffeur est obligé de se déporter à fond sur l’autre voie pour vérifier si un véhicule arrive en face. Lorsque c’est le cas il se rabat assez violement et les fragments de secondes pendant lesquelles il ne sait pas encore qu’une voiture arrive en face alors que tu le sais très bien ne sont pas les plus tranquilles de ton existence. Nous parvenons au lac de Toktogul en fin d’après-midi. Le soleil déjà incliné vers le couchant se reflète en des millions d’exemplaires sur l’eau scintillante. Nous sommes accueillis chez la mère d’Azamat (guide khirguize francophone que nous connaissons par de multiples canaux sans l’avoir jamais rencontré) par Aïdana, sœur d’Azamat âgée de 15 ans.

Celle-ci nous mène le lendemain vers les rivages du lac, à deux heures de marche. Nous traversons Toktogul, petite ville paisible confinant à l’ennui dont le modeste bazar est un noyau de vie sympathique. Le bitume est concentré sur les rues du centre et nos pas soulèvent des nuages de sable fin dès que nous en sortons. Suivant fidèlement notre spécialité de partir aux heures les plus chaudes nous sommes victimes de la lourde chaleur de la mi-journée. Heureusement le lac montre vite le bout de son nez nous redonnant de l’ardeur. La vue de l’étendue aqueuse du haut des petites collines que nous gravissons est magnifique. Le chemin pour toucher le lac est long mais nous sommes récompensés de cette balade de 2 heures. Seuls au monde, nous nous baignons dans l’eau claire et chaude. Pique-nique sur le rivage (classiques concombres, tomates, poivrons, fromage au goût presque imperceptible type cheddar, pain et pastèque). Nous restons là pendant quelques baignades et repartons trouver un taxi qui doit nous éviter les deux heures de marche sur les chemins chauds et poussiéreux. Manque de chance, Aïdana ne maîtrise pas tout à fait le parcours et nous crapahutons deux heures et demie de criques en criques, à monter des pentes ardues à la recherche d’une plage que nous sommes censés trouver derrière chaque crique mais qui joue l’arlésienne indéfiniment. La sueur ruisselle le long de nos rachis et autres gouttières corporelles. Nos visages luisants restent souriants, la vue sur le lac étant d’autant plus agréable que nous escaladons les montagnes.
 
 
 
 Nous finissons par retrouver le taxi qui nous ramène à la maison et nous fait payer le double du prix pour compenser sa longue attente. La soirée, avec deux françaises rencontrées à Sary Mogol et retrouvées dans notre lieu d’accueil, est passée à tenter de comprendre comment rejoindre un petit village (Kyzyl Oï) situé dans une gorge à quelques heures de là. Nous décidons finalement de faire un détour par Bishkek pour redescendre ensuite du côté de Koshkor à quelques encablures du rivage sud-ouest de l’énorme lac Issy Kol. De là nous devrions partir vers un autre lac (Song Kol) plus petit mais pas ridicule pour y faire une randonnée à cheval que tout le monde attend depuis des mois, depuis que le Kirghiztan est entré dans nos discussions concernant notre voyage.