samedi 10 août 2013

Arslanbob c'est d'la balle!

Voyage sans histoires en Marchroutka (minibus). Nous en prenons 3 successivement sans attente entre chaque. Pas de palabres de négociation des prix qui sont fixes. Lors du dernier tronçon nous sommes serrés comme des sardines et n’avons pas tous un siège où poser nos séants. Toujours aussi agréable de traîner nos galoches dans les gares routières et partager les transports avec les gens du coin, leurs sacs de courses et les pastèques devenues un élément quasi systématique de notre champ de vision.
 
Arslanbob est une ville de 30000 habitants dont les habitations ne sont pratiquement que des maisons éparpillées dans la vallée. Le centre ressemble à celui d’un village de montagne (qu’il est, ça tombe bien), les pierres et la poussière en recouvrent les rues. Celles-ci sont très passantes. Encore une fois la vie locale nous éclabousse. De vieilles jeeps camionnettes ou autres petits camions grinçant transportent des hommes, des femmes et des enfants souvent serrés les uns contre les autres ou bien du fourrage pour l’hiver qui transforme ces véhicules mais aussi les vélos ou motos en porcs épics géants. Les chevaux et surtout les ânes, montés par des adultes ou par des enfants parfois très jeunes subissent docilement les réprimandes accompagnées de coup de bâtons de leurs meneurs.
 
 
 
 
Le CBT nous accompagne vers la maison choisie pour nous recevoir. Le lieu est excentré, près d’une rivière dont le tumulte continu nous fait croire régulièrement qu’une forte averse est survenue. La famille qui nous reçoit est adorable, ouzbèke comme 90% des gens de la ville, qui un jour de l’année 1991 se sont retrouvés de nationalité kirghize par cette magie des tracés péremptoires de frontière. Nous parlons essentiellement avec le père, prof d’anglais et de perse. Sa femme est discrète et ne parle pas anglais, les filles sont gracieuses, souriantes et effacées et nous servirons des dîners et petits-déjeuners succulents accompagnés d’un mignon « enjoy your meal ». Sur la table, on trouve en permanence des coupelles en verre brodé pleines de confitures en tout genre et de sucre. Ce petit bouquet de coupes imitation cristal recouvertes d’un chiffon sera présent sur la table de toutes les demeures dans lesquelles nous serons reçus. Comme dans quasiment toutes les maisons que nous voyons, il n’y a pas d’eau courante mais un ou plusieurs points d’eau extérieurs. L’eau ne manque pas dans ce pays où les rivières tracent leurs sillons partout sur les montagnes qui constituent 90% du territoire. Les toilettes dans un coin du jardin sont sommaires et réduites à leur simple fonction première de réceptacle. Nous leur confions nos besoins par une simple fente sur lit de béton ou de planches de bois. Grand jardin fleuri soigné, le bâtiment est composé de 3 parties en U autour du jardin, la partie ouverte est couverte d’herbe et monte en pente douce. Nous prenons nos repas sous une véranda sur de petits édredons disposés autour de l’habituelle  table basse.
 
 
 
 Première balade vers une petite chute d’eau. Nous passons ensuite l’après midi dans une forêt de noyers. Les montagnes sont alpines et seuls les ânes qui passent de temps en temps avec un autochtone nous rappellent que le sol pentu n’est pas de chez nous. Le lendemain, grande virée dans les montagnes pour rejoindre une autre cascade beaucoup plus haut et plus loin. L’âne prévu pour Jade est aussi plus que bienvenu pour les grands, l’itinéraire choisi par notre guide, un adoadorable, se révélant particulièrement long, dans une chaleur toujours forte. Le pique-nique est marqué par l’irruption dans la clairière où nous nous sommes posés de 4 chevaux en liberté. Ils s’ébattent, se courent après, batifolent comme de jeunes enfants dans une cour de récréation. Les multiples points d’ombre et de clarté projetés par la lumière au travers des feuillages denses donnent à la scène encore un peu plus d’étrange beauté surréaliste. Nous rentrons fourbus et heureux dans notre maison au bord de la rivière, le dîner et nos potes Julien et Manuel nous y attendent, le luxe ne nous lâche plus.


Manu et Julien